Du Désir ou de la faculté appétitive ouvre un dialogue inédit entre deux figures majeures de la pensée moderne : Emmanuel Kant, philosophe des Lumières, et Émile Durkheim, père fondateur de la sociologie. Ce texte analytique interroge une question centrale : qu'est-ce que le désir chez l'individu moral, et comment est-il régulé par la raison ou par la société ? En s'appuyant sur les textes fondateurs des deux auteurs, cet essai met en perspective deux visions du désir. Celle de Kant, qui en fait une faculté naturelle à dompter par la loi morale intérieure ; et celle de Durkheim, qui l'envisage comme une pulsion infinie que seule la régulation sociale peut contenir pour préserver l'équilibre collectif. Croisant philosophie rationnelle et démarche sociologique, l'ouvrage met en lumière l'opposition entre l'autonomie morale, fondée sur la volonté agissante et désintéressée chez Kant, et l'hétéronomie sociale, ancrée au coeur de la conscience collective durkheimienne. Le lecteur y découvre comment le besoin, la loi, la norme, mais aussi l'éducation et les institutions façonnent petit à petit cette force première : le désir humain.
Emmanuel Kant (1724.1804), philosophe prussien des Lumières, est l'un des penseurs les plus influents de l'histoire de la philosophie. Il révolutionne la métaphysique et l'éthique moderne avec les concepts d'autonomie morale, de raison pratique et de loi universelle. Son oeuvre centrale, Critique de la raison pratique, structure une morale fondée sur la liberté intérieure, opposée aux penchants sensibles. Dans ses réflexions sur la faculté appétitive, Kant distingue le désir guidé par l'inclination de celui soumis à la volonté rationnelle. La valeur morale d'un acte repose, selon lui, non pas sur ses conséquences ou sur un plaisir anticipé, mais sur l'intention pure d'agir par devoir, selon une maxime valable pour tous.
Emile Durkheim
Émile Durkheim (1858.1917), sociologue français, est l'un des fondateurs de la sociologie moderne. Son oeuvre explore les fondements sociaux de la morale, des lois, des croyances et des conduites individuelles. Son approche du désir humain repose sur son excès potentiel : dans Le suicide, il démontre que les désirs illimités exposent l'individu à l'anomie, c'est-à-dire une perte de repères destructrice sans norme sociale forte. Pour lui, la tâche des institutions, de l'éducation et de la religion est de canaliser les tendances naturelles. D'où une conception du sujet qui ne peut se penser en dehors de la société, matrice régulatrice de l'éthique collective. Durkheim demeure incontournable pour toute réflexion sur la morale des sociétés, l'intégration sociale et les mécanismes d'autorégulation.
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