Le temps et les sujets abordés dans ce livre vont jouer en ma faveur. Pourquoi ? Parce qu’on pourra toujours me comprendre dans 40 ans. Les problèmes de la France d’aujourd’hui seront toujours aussi prégnants demain. Grâce aux incroyables forces de conservatisme de notre pays, je sais que l’actualité restera la même, restera la mienne, restera la tienne. Donc je te laisse 40 ans pour te l’approprier mon bouquin, le temps que le petit agité du bocal ou un autre fasse bouger les positions.
L’histoire me remerciera-t-elle d’avoir tenu un journal à un si jeune âge ? Ce recueil de pensées offrira-t-il une vision incroyable de mon génie bourgeonnant ? L’histoire de France s’en fout. Elle est passée à côté de moi. J’appartiens à cette génération que la France a voulu assister et infantiliser. Dans notre société d’aujourd’hui, l’opinion appartient à de vieux exégètes trotskistes de la pensée unique, pas à l’initiative personnelle d’un simple quidam. D’où ce titre « Erreur de jeunesse » comme pour m’excuser d’émettre mon opinion.
Dès l’âge de 18 ans, j’ai commencé à transférer le monde extérieur sur mon carnet. J’en ai chargé des pages et des pages de ratures. Juste après avoir entendu une expression sympathique, je me ruais sur ce carnet pour la griffonner avant qu’elle ne s’éclipse. Ça devenait une question d’urgence comme d’aller aux toilettes.
En mec laborieux, il m’a fallu ensuite mettre en ordre toutes ces idées. Le contenu était là mais pas la forme. Il fallait donc la modeler. Mais comme je ne suis pas un artisan chenu du verbe ni un amoureux des mots, il m’a fallu batailler ferme. Et j’en ai pris des heures à pétrir cette terre glaise pour lui donner un semblant de forme. Quand on n’a pas le talent, il faut mettre les heures. L’ours ne lèche pas son petit avec plus de soin que moi. A force de le lécher, je crains de lui avoir retiré son museau au mien.
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