L’objectif de cet ouvrage est une tentative de garder le souvenir de la troupe de l’Opéra de Paris, de la grande École française de chant et de ses chanteurs qui l’ont si magnifiquement servie de 1669 à 1971. Tant de mélomanes ont pu les entendre de vive voix jadis. Aujourd’hui, il nous reste des enregistrements qui permettent de les écouter encore, de les laisser témoigner d’une tradition spécifique et séculaire, d’un patrimoine musical à choyer, tandis qu’ils sont maintenant poussés aux ténèbres et dont le souvenir s’efface petit à petit dans un passé de plus en plus lointain. Il s’agit aussi de garder en mémoire les décors et les mises en scène, souvent somptueux, bien adaptés à l’action qui se déroule sur le plateau et qui renforcent son impact, sans distraire fâcheusement l’attention de la musique et du chant.
René Beaupain est Docteur ès Sciences naturelles de l’Université de Paris et ancien chercheur au CNRS en cancérologie. Il a consacré le temps de la retraite au patrimoine musical français, aux merveilleux pianos d’Erard, de Pleyel ainsi que ceux de Gaveau (marques aujourd’hui disparues) dans trois monographies et il a signalé la raréfaction progressive de la musique française dans les programmations des concerts symphoniques et des représentations lyriques en Hexagone : ceci est présenté dans un essai. Et c’est maintenant que paraît le rappel d’un passé lyrique très typique, hautement estimable, qui a pu ravir un grand nombre de spectateurs avant qu’une internationalisation totale n’envahisse les lieux. Mais, n’assistera-t-on pas actuellement à un regain d’intérêt pour la cause française ? En effet, nous pouvons constater l’apparition, dans le répertoire français, d’un certain nombre de chanteurs qui chantent plus clair comme on le faisait avant en y remettant les sonorités de la langue française, la diction, l’articulation, qui ne grasseyent pas ; la venue des pianistes qui s’intéressent de nouveau à la technique française du « jeu perlé », jeu digital qui permet une certaine finesse de toucher, parfois un peu oubliée avec le jeu en force en vogue actuellement ; la présence, certes sporadique encore, des œuvres lyriques françaises depuis longtemps injustement oubliées, aux affiches des théâtres… Est-il permis désormais d’espérer ?
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