Gatienne

Georges de Peyrebrune

Georges de Peyrebrune, de son vrai nom Mathilde Marie Georgina Élisabeth de Peyrebrune Judicis, est une figure emblématique de la littérature française de la fin du XIXe siècle. Née le 18 avril 1841 à Pierrebrune, un hameau de Sainte-Orse en Dordogne, elle incarne le parcours d'une femme de lettres déterminée à s'imposer dans un monde littéraire dominé par les hommes.

Fille naturelle d'un capitaine de cavalerie, Peyrebrune grandit dans un environnement qui forge son caractère indépendant. Son mariage précoce à l'âge de 18 ans avec un avocat ne freine pas ses ambitions littéraires. Au contraire, c'est après la guerre de 1870 qu'elle s'installe à Paris, décidée à se faire un nom dans le monde des lettres.

Sa carrière d'écrivaine débute véritablement à la fin des années 1870, marquée par une productivité impressionnante. Entre 1877 et 1909, elle publie l'essentiel de son oeuvre romanesque, dont « Gatienne » (1882) qui s'impose comme l'un de ses romans les plus remarqués. Sa plume aborde des sujets sociaux audacieux pour l'époque, comme dans « Victoire la Rouge » (1883), traitant du sort des filles de ferme pauvres et enceintes.

Peyrebrune ne se contente pas d'écrire des romans historiques ; elle s'engage activement dans les débats de son temps. Féministe convaincue, elle fait partie du premier jury du prix Femina en 1904, affirmant ainsi sa place dans le paysage littéraire français. Son engagement se reflète dans son écriture, où elle explore les thèmes de l'émancipation féminine et des conventions sociales avec une acuité remarquable.

Malgré une carrière prolifique et une certaine notoriété de son vivant, Georges de Peyrebrune connaît une fin de vie difficile. Elle s'éteint dans la pauvreté et l'oubli le 5 décembre 1917 à Paris. Cependant, son héritage littéraire, redécouvert ces dernières années, témoigne de son rôle pionnier dans la littérature féministe française.

L'oeuvre de Peyrebrune, dont « Gatienne » est un exemple éloquent, continue de fasciner par sa modernité et sa pertinence. Elle offre un regard unique sur la société provinciale du XIXe siècle et les défis auxquels étaient confrontées les femmes aspirant à l'indépendance. Son style, alliant finesse psychologique et critique sociale, en fait une auteure incontournable pour comprendre les enjeux de l'émancipation féminine à travers la littérature française classique.