Je n'ai jamais jamais dit maman

Témoigner de mon histoire d'orpheline de maman -à l'âge de vingt mois- est la première impulsion de mon écriture. D'une faille, j'ai fait une force. Le trauma a eu lieu ; faut-il en faire un drame ?
A l'instar des jeux avec les copines d'enfance qui ont permis au souffle d'être sans cesse renouvelé dans ma petite vie, le jeu accompagne mon écriture. Au-delà du 'je', jouer avec la langue vivante -tant ma langue maternelle est morte- est un grand plaisir.
Poétiser les mots qui racontent est la deuxième impulsion. Tout n'est pas perdu, non. 'Elle est forte la petite-là'.
Portée par le village, je puise dans les chaos des champs, dans la beauté des fleurs, la sève des arbres et le condensé d'énergie des pierres. Telle l'obstination d'un brin d'herbe à pousser au milieu de l'immensité volcanique du Piton de la Fournaise, je m'accroche à la splendeur du Vivant, et tel un Phoenix, je ranime la flamme de Vie deux fois plus fort.
Le chemin le plus escarpé dans ma vie d'adulte : celui du lien amoureux. Ces liens-là se détissent. La douleur de la perte a fait des ébrèchures au coeur.
L'Appel des Terres Puissantes trace le chemin spirituel : du berceau de l'humanité en terre d'Afrique au mystère des tombeaux en Egypte, mon besoin irrépressible de Reliance m'amène en terre indienne, où je rencontre celle qui me donne l'Etreinte, tant et tant recherchée et attendue. Un peu d'apaisement se fait au coeur.
En vérité, le deuil accompagne les restés vivants j'usqu'à la mort. Alors, s'ouvrir à la magie : ressentir le mystère d'être au monde dans l'instant présent, celui-ci, celui-ci, encore et encore.

L'âme agit : accueillir l'inexpliqué, ici, et au-delà.