Un monde ignoré se cachait derrière ce miroir. Un monde où se reflétait mon image. Une image fidèle, mais d'une autre que moi, vêtue d'une robe légère. Une inconnue pour celles qui s'arrêtent à mon aspect de petit fille sage et refusent de me mettre dans la confidence de leurs flirts avec les garçons. Je voulais traverser ce miroir pour aller à sa rencontre. Je voulais apprendre à la connaître, en faire mon amie, m'évader avec elle de cette vie qui ne me convient pas, de cette ville où je m'ennuie à mourir. Sans m'en rendre compte, imperceptiblement, je suis passée de l'autre côté. Je l'ai rejointe et lui ai laissée la parole depuis ce monde qui se cache derrière les apparences.
J'écris depuis longtemps mais pas tous les jours. De préférence le matin, l'après-midi parfois quand je n'ai pas le choix, mais jamais le soir. Il m'arrive de ne sauvegarder qu'une seule phrase en une demi-journée passée dans un lieu silencieux où je peux m'isoler. Mais j'aimerais pouvoir écrire n'importe où, sur un ordinateur comme sur une feuille de papier, seul à une table ou entouré d'inconnus qui bavardent et font du bruit, assis sur une chaise confortable ou recroquevillé dans un recoin incommode. Là, apprendre par l'écriture à m'échapper du tumulte et de l'agitation comme un soldat qui griffonne au fond de sa tranchée.
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