Dans ce cinquième tome de : UN LONG VOYAGE ou L’empreinte d’une vie, Louis prend ses premières fonctions à la Recette-Perception de La Fère, petite ville du département de l’Aisne. Il a pour patron M. Bremier, le receveur, la quarantaine épanouie, bourreau de travail, avec qui il trouve moyen de s’accrocher dès le premier jour ; et pour collègues Juliette, une auxiliaire un peu naïve, brune aux yeux bleus, et un certain M. Jacquemot, jeune homme froid et distingué, en attente de sa nomination de percepteur.
Pour Louis, l’attrait de la nouveauté se révèle un adage creux. Éloigné des siens, il s’enfonce vite dans une solitude affective pesante. S’y ajoutent la pauvre lumière de l’hiver nordique, la promiscuité avec une tuberculeuse que renforce l’air confiné du bureau à la fenêtre constam-ment close, une tâche de gratte-papier ingrate et répétitive, et un salaire insuffisant pour assurer ses dépenses domestiques. Ces petites et grandes misères se doublent, à l’hôtel où il a pris pension, d’une surali-mentation quotidienne à laquelle il n’ose s’opposer, face à une hôtesse qui l’a pris en affection et prétend ainsi lui faire une faveur.
Bref, le stress, mot alors absent du champ lexical de la physiologie et de la médecine, le submerge et il développe bientôt des troubles digestifs que l’on qualifierait aujourd’hui de psychosomatiques. Des renvois, nauséa-bonds à en juger par les réactions muettes qu’il guette et croit percevoir autour de lui au bureau, l’assaillent, qu’il subit dans une honte de tous les instants, hanté qu’il est par la surveillance maniaque de ses symptômes et de leur apparition. Pour le médecin local, consulté, ses troubles siègent davantage dans sa tête que dans son estomac. Mais, réalité ou mirage, rien n’y fait. Son seul refuge : la nature, ses arbres, ses oiseaux… et son seul réconfort : l’air pur dans ses poumons, et les marches forcées à travers bois, monts et prairies inondées après la pluie…
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