Mots-clés : nouvelle psychologique de Stefan Zweig, récit intemporel sur l'oppression et la liberté intérieure, analyse des émotions et de l'obsession humaine, littérature européenne du XXe siècle et drames psychologiques, conte philosophique sur la stratégie et la survie de l'esprit
« Le Joueur d'échecs », publié en 1943 après la mort de Stefan Zweig, est sans doute l'une de ses oeuvres les plus célèbres et emblématiques. Cette nouvelle, d'une intensité dramatique remarquable, explore les effets psychologiques de l'isolement et de la contrainte sur l'esprit humain, tout en interrogeant le jeu d'échecs comme métaphore universelle de la stratégie, de la survie et des conflits intérieurs.
Le récit se déroule sur un paquebot reliant New York à Buenos Aires, où deux figures centrales se rencontrent autour du jeu : Czentovic, champion du monde d'échecs, joueur taciturne et rustre, dont le génie échiquéen contraste avec l'absence totale de culture ; et le mystérieux M. B., un Autrichien réservé, qui révèle peu à peu son histoire tragique. Prisonnier des nazis, ce dernier a enduré un isolement extrême, privé de toute stimulation intellectuelle. Pour ne pas sombrer dans la folie, il découvre par hasard un manuel d'échecs et s'y consacre avec obsession, jouant mentalement des parties fictives. Cette pratique obsessionnelle, doublée d'une schizophrénie naissante, fait de lui un adversaire redoutable, capable de défier le champion du monde.
Stefan Zweig, né le 28 novembre 1881 à Vienne en Autriche-Hongrie et mort le 22 février 1942[4] à Petrópolis au Brésil, est un écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien. Ami de Sigmund Freud, Arthur Schnitzler, Romain Rolland, Richard Strauss, Émile Verhaeren, Stefan Zweig a fait partie de l'intelligentsia viennoise. Il quitte son pays natal en 1934, en raison de la montée du nazisme et de ses origines juives, pour se réfugier à Londres. Son oeuvre est constituée essentiellement de biographies (Joseph Fouché, Marie-Antoinette, Marie Stuart), mais aussi de romans et de nouvelles (Amok, La Pitié dangereuse, La Confusion des sentiments, Le Joueur d'échecs). Dans son livre testament, Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen, Zweig se fait chroniqueur de l'« âge d'or » de l'Europe et analyse ce qu'il considère comme l'échec d'une civilisation. Zweig incarne aussi l'idéal humaniste européen, défendant une vision cosmopolite de la culture. Mais la montée du nazisme et la persécution des Juifs le contraignent à quitter l'Autriche. Exilé, il vit en Angleterre, aux États-Unis puis au Brésil, où, accablé par l'effondrement de son idéal européen, il se donne la mort en 1942 aux côtés de son épouse Lotte.
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