Il y avait dans l'eau d'Atoria une densité qui ralentissait tout : les gestes, les pensées, même l'espoir. Tout était flou. Les couleurs se mélangeaient aux ombres, les voix se perdaient, et les visages flottaient comme des souvenirs trop vieux. Des qu'ils y plongèrent, Elara sentit que ce royaume ne se livrerait pas. Il faudrait s'y fondre, accepter d'être vulnérable, d'être change. Depuis que Moros avait pris le contrôle des courants, l'équilibre s'effritait. Il n'attaquait pas de front. Il déplaçait les choses. Il tordait les chemins. Il égaraient les pensées. Thalion l'avait envoyé pour cela, et Neridia, la dragonne des eaux, ne parvenait plus à maintenir la paix fragile qui tenait encore ce royaume suspendu entre surface et oubli. Leur progression fut lente, parfois pénible. Les forets d'algues se refermaient derrière eux, les récifs s'illuminaient sans chaleur. Ils croisèrent des sirènes aux visages fermes, des tritons méfiants, des mages qui lisaient l'eau comme d'autres lisent les rides. Elara avançait sans certitude, tenant la Lueur de l'Aube comme un repère plus que comme une arme. Orin écoutait le silence, essayant de sentir le moment juste avant qu'il ne cède. Kylon, lui, trouvait dans cette fluidité quelque chose de familier : un monde où il n'avait jamais à parler pour être entendu. Le combat contre Moros ne fut ni glorieux ni spectaculaire, inévitable, et douloureux. Quand il disparut, rien ne changea d'un coup. Mais Neridia leva les yeux. Et cela suffit. Ils repartirent. Plus lents. Plus lourds. Mais un fragment plus proches de ce qu'ils cherchaient à réparer.
Il aurait pu continuer sa vie sans jamais écrire une ligne de fiction. Pendant des années, Mitchel Kheurg a exercé le métier de juriste, observant les hommes à travers leurs conflits, leurs contradictions, leurs silences. Il a vu ce que les lois ne disent pas : les failles, les doutes, les choix impossibles. Ce regard sur le réel a creusé lentement en lui un autre besoin : raconter ce que les textes officiels ne racontent jamais. Ce n'est pas par ambition littéraire qu'il a pris la plume, seulement par nécessité humaine. L'écriture s'est imposée discrètement comme une respiration qu'il lui fallait enfin écouter. Et c'est dans la science-fiction, l'héroïc fantasy ainsi que les enquêtes occultes qu'il a trouvé sa voie : un territoire libre, mouvant, où l'on peut explorer ce que nous pourrions devenir, et ce que nous sommes déjà en train de perdre. Mitchel Kheurg écrit comme on tend la main a quelqu'un dans le noir. Ses histoires parlent d'avenir, mais aussi d'aujourd'hui. De solitude face à la machine, d'éthique face au progrès, d'amour dans des mondes à reconstruire. Chaque récit est une manière de poser des questions sans imposer de réponses. Il écrit pour celles et ceux qui, comme lui, cherchent du sens là où il semble se dissoudre.
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