Voilà des lettres bien mystérieuses, qui nous parlent d'un monde presque idéal et qui pourtant ne sut, nous dit l'auteur, se survivre. Des lettres qui racontent une aventure au sein d'une île tropicale devenue, sous l'impulsion d'un travailleur acharné, une utopie socialiste. Outre ces lettres, Paul Adam nous a légué bien d'autres ouvrages, car il fut extrêmement fécond : essais, romans, nouvelles, etc. Touche à tout, il fut critique d'art mais aussi militant boulangiste. Ses Lettres de Malaisie s'inscrivent dans cet esprit, avec une critique de l'idéal socialo-communiste abordé et conté avec un grand symbolisme - telles les illustrations. Toutefois, Paul Adam n'est pas un économiste. Il ne pouvait aller sur le terrain de l'impossibilité même du projet d'une telle île industrieuse. Il a ainsi préféré le sujet de l'adaptation des hommes à ce monde. Ou plutôt, celui d'un monde tellement inhumain qu'il faut que l'homme s'y adapte. Où le moindre retour de l'humanité la plus simple suffit à la chute du bel édifice. Il faut s'en réjouir, car la critique est bien plus forte. Les Lettres de Malaisie ne sont pas la dystopie la plus connue, mais elle pourrait bien être une des plus originales. Assez pour un bon moment de lecture...
Issu d'une famille d'industriels et de militaires originaires de l'Artois, fils d'un directeur des Postes sous le Second Empire, Paul Adam fait ses études secondaires au lycée Henri-IV à Paris avant de se lancer dans la carrière littéraire dès 1884. Il collabore à La Revue indépendante avant de publier en Belgique son premier roman, Chair molle (1885), qui est accusé d'immoralité, provoque le scandale et vaut au jeune auteur une condamnation à quinze jours de prison avec sursis et une lourde amende. Délaissant le naturalisme, Paul Adam se tourne vers le symbolisme. Il contribue à diverses revues liées à ce mouvement, En 1889, il se présente, à la députation à Nancy, aux côtés de Maurice Barrès, sous l'étiquette boulangiste et est battu. Mais plus tard il se désolidarise de Barrès en étant Dreyfusard. Partisan du général Boulanger, il milite dans les mouvements nationalistes et traditionalistes et, pendant la Première Guerre mondiale, il se rend auprès des troupes pour soutenir leur moral et fonde la Ligue intellectuelle de fraternité latine. Parallèlement, il publie de très nombreux ouvrages : essais, romans, nouvelles, récits de voyage, parmi lesquels on peut citer les romans de son cycle napoléonien.
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