Plus encore qu’un témoignage, ce livre est un hommage au près de deux millions de garçons qu’une république imprévoyante a impliqués dans un combat douteux pour une cause perdue, dans ce qu’on considérait encore comme un ensemble de départements français, et particulièrement aux 15 000 d’entre eux qu’un sort tragique conduisit à une mort qu’ils étaient censés regarder en face, ces « marsouins » que ce jeune sous-Lieutenant appelé de 21 ans a eu à commander. Sorti en 1958 de l’EMI de Cherchell, après huit mois comme instructeur en Allemagne, J.Langard a tutoyé la mort dans son régiment d’Infanterie de Marine, des bois de l’Ouarsenis aux confins algéro-marocains, de piton en piton, dans les taillis ou parmi les touffes d’alfa, dans le vent glacé ou sous le soleil accablant, chasseur chassé sous la menace de l’invisible fellagha... sans pour autant se livrer aux exactions qu’on a pu reprocher à certains éléments de l’armée française alors chargée du « maintien de l’ordre ». Au moment de commémorer le cinquantenaire de la fin du conflit, ce qui est relaté dans ce livre méritait d’être rappelé.
Né en Lorraine dans les années 30, Jacques Langard a vécu son enfance et sa jeunesse à Nancy. Après une carrière de cadre commercial il a longtemps dirigé une entreprise de BTP. Chevalier de la légion d’honneur à titre militaire, il a assuré les fonctions d’officier « opérations-instruction » puis de chef de corps dans le cadre de réserve. Au moment de commémorer la fin douloureuse de ce qu’on appelle enfin la « Guerre d’Algérie », son livre vient à point nous rappeler ce que fut la vie difficile du Contingent dans ce combat qui n’était pas le sien. Ses récits, ses portraits, ses réflexions ont un accent de vérité que souligne un style familier à l’image du langage des hommes du terrain. En dépit de la dureté du vécu quotidien, il ne se départit pas d’une certaine distanciation allant jusqu’à l’humour, pour en sourire de peur d’avoir à en pleurer.
La lecture commence de façon assez classique mais on est vite plongé dans le bain de ces unités qui faisaient la guerre réellement, avec dangers et pertes. Cet ouvrage surprendra peut-être ceux qui ne connaissent la guerre d'Algérie que par ouï-dire, mais les anciens diront : « Nous avons connu cela; nous aussi ».
[Notre sélection] Lu pour vous
armée et défensedécembre 0002
La lecture commence de façon assez classique mais on est vite plongé dans le bain de ces unités qui faisaient la guerre réellement, avec dangers et pertes.
Cet ouvrage surprendra peut-être ceux qui ne connaissent la guerre d'Algérie que par ouï-dire, mais les anciens diront : « Nous avons connu cela; nous aussi ».