On a cru

Il fut un temps où l'on croyait que le monde recelait une signification profonde, répondait à une harmonie cachée. On imaginait l'univers attentif, à l'écoute de notre quête. Des puissances supérieures semblaient offrir des repères, paraissaient à même de dispenser du réconfort. Alors, des croyances furent établies, des idéaux formulés, des figures d'autorité proclamées. Et puis, tout vacilla. Ce qui avait été adoré fut renversé, ce qui avait été certain s'effaça. À chaque promesse succéda sa trahison; à chaque vérité, sa ruine.

Dans un texte brûlant et intransigeant, Elisabeth Guerrier nous entraîne dans le vertige de notre propre histoire où chaque conviction porte déjà en elle la promesse d'un effondrement. Mais sous la rigueur de son regard, perce un second degré exprimant une certaine tendresse amusée par la naïveté de l'espèce humaine. Une fresque magistrale et troublante sur la foi, la violence, le pouvoir et notre obsession tragique de donner un sens à ce qui n'en a pas.