Les rêves des autres sont souvent pleins d’excès ; leurs extra-vagances frisent parfois l’invraisemblance, notamment en Psychanalyse. Ceux présentés ici sont, par contraste, le plus souvent d’une grande banalité sur le plan anecdotique ; des reflets plus ou moins déformés et déformants de la réalité quotidienne. Leur banalité surpasse dans certains cas celle qu’on vit à l’état de veille. Le ressenti du rêve, extravagant ou non, n’en présente pas moins un caractère particulier qui le diffé-rencie de toute réalité et qui tient au fait qu’on le vit seul, à la première personne du singulier. Tenter de partager son rêve en le racontant aux autres, ou à soi-même, lui fait perdre instan-tanément sa spécificité. Le rêve est en effet non seulement personnel, il est vécu de façon ponctuelle, une étincelle au cœur même de la matière grise du rêveur quand celui-ci, plusieurs fois par nuit, frôle l’éveil ou se réveille carrément. Le rêve ne subsiste en l’état que sous forme de courtes bouffées, des bulles fragiles sur le point d’éclater, des réminiscences intempestives… Remémoré (réinventé ?) en long, en large et en détails, délayé dans les quatre dimensions du monde réel, l’essence du rêve se dilue immanquablement. Couchés comme ils le sont dans les deux dimensions de la page d’écriture, et parfois plusieurs pages successives, les présents rêves ont perdu leur parfum, leur saveur, leur "flaveur" d’origine. D’où le sous-titre qui leur est accordé en compensation : "Contes à dormir debout"… C’est toujours mieux que rien.
L,'auteur, né en 1930, a mené une vie socioprofessionnelle sans histoire, doublée d'une intense activité d'écrivain du dimanche. Il en est résulté des textes dans lesquels le récit est étroitement mêlé à des commentaires plus ou moins \"philosophiques\".
Il n'y a pour le moment pas de critique presse.