L'hypothèse est celle-là : pour que naisse et que se développe la société de consommation, il fallait de la religion, une autre, une moderne, une civile... ce sera celle « des valeurs »... initiée par le célèbre Liberté-Egalité-Fraternité de 1789, elle s'étoffera très largement par la suite avec les droits de l'homme, mai 68 et la Diversité... c'est tout ce qui doit produire l'image d'un certain petit paradis terrestre, le paradis social terrestre. Si comme toutes les autres religions celle des valeurs sert aussi bien sûr l'intérêt de tous, en ce qu'elle permet le rêve justement, l'illusion, la croyance et l'espoir, elle profite surtout au très grand capital. Tout d'abord, cette mise en scène, cette célébration quasi incantatoire qui est faite aujourd'hui des fameuses valeurs va en effet servir d'écran de fumée à la seule vraie différence entre tous, celle économique, et qui elle se creuse bien sûr, ô combien... Ensuite et ce faisant, et comme à prendre le paradis pour de la réalité on sort très vite de la route, elle plonge les esprits dans une confusion idéologique sans précédent, notre lot actuel (Gauche = Droite, femme = homme, animal = personne...), celle-là même qui fait se brouiller les pistes, l'ordre des priorités, et finalement se tromper de question. Ainsi, comme chacun le sait bien, si le monde va mal aujourd'hui, c'est parce qu'il y traîne encore des racistes et des sexistes, des homophobes et des xénophobes, et autres persécuteurs de la nature ou des animaux... et non pas, mais alors pas du tout, parce que c'est là un monde où il est possible pour certains de gagner 300, 400 ou 500 fois plus que d'autres !
Jean Marc Mariottini est docteur en \"sociologie et ethnologie des sociétés méditerranéennes \", avec une activité professionnelle qui aura été toute entière consacrée au terrain, à l'enquête de terrain. Les récentes dérives idéologiques de la modernité l'invitent cependant à quelques brèves incursions sur le terrain ô combien plus glissant celui-là de la question de société, qu'il aborde sur le ton résolument léger du conte philosophique, sociologique, et selon une approche qu'il veut surtout critique, libre et indépendante, c'est-à-dire à l'écart des façons de penser dominantes, partisanes. Après avoir traité le thème de l'égalité dans le rapport homme-femme (L'équilibre des sexes), il élargit cette fois son propos aux valeurs en général pour se demander si cette nouvelle « religion », ô combien dominante aujourd'hui, ne cacherait pas des intérêts autrement plus sonnants et trébuchants que le simple bonheur de l'humanité. Et de souligner par là le lien qui pourrait exister entre deux entités prétendument antinomiques, inconciliables : de la très belle morale sociale d'un côté -les fameuses valeurs donc - , et le grand capital de l'autre. Et si les tenants de l'une travaillaient en fait, objectivement, pour les tenants de l'autre ?...
Il n'y a pour le moment pas de critique presse.