Un parapluie pour monter jusqu'au ciel

Les souvenirs de jeunesse de Liliane Lurçat ressemblent à un roman d'apprentissage. Comme elle l'a expliqué ailleurs: "Ma formation de psychologue a deux sources, l'école de la vie pendant l'Occupation allemande, et plus tard, l'attention affectueuse d'un maître"... C'est le récit de cette "école de la vie" qui est ici présenté au lecteur. Ecole souvent rude et parfois cruelle, mais riche d'enseignements. Pour ceux qui sont nés dans des périodes plus tranquilles et ont parfois rêvé d'une jeunesse plus aventureuse, l'histoire de cette jeune femme qui a eu 16 ans à Drancy en 1943 est édifiante. Elle est un modèle de courage et de foi en l'avenir. A aucun moment on ne la sent céder au désespoir. Le séjour de dix mois à Drancy et Vittel sonne pour elle le glas de l'insouciance. Et pourtant, le récit dramatique ne sombre jamais dans le tragique. On y trouve une force de caractère qui s'est forgée dans l'épreuve mais n'a jamais renoncé à la gaieté et à la joie de vivre. Son regard sur les événements, même les plus tragiques, ne se départit jamais de cet humour particulier, propre à ses ancêtres, Juifs d'Europe centrale qui en avaient fait une arme secrète contre la dureté de l'existence. Les personnages de ce récit deviennent les héros d'une Comédie humaine où le rire n'est jamais absent. A travers le récit des pérégrinations de ses parents, entre la Palestine mandataire et la France, on voit poindre les qualités d'observation et de pénétration psychologique qu'elle a plus tard déployées dans sa carrière professionnelle. Sa plume est alerte, son style vivant et les mots lui viennent naturellement. Un récit émouvant et poignant!