Théorie de l’improvisation oublieuse ou la voix du papier
Ces poèmes ont été écrits entre 1994 et 2012. Ils étaient là, comme des textes épars, en attente, dans des cahiers.
Un premier recueil de poèmes publié aux Éditions Caractères par Bruno Durocher, en 1989, portait ce titre : « Méditations à l’orient des cahiers ». Tandis que je rassemblais ou extrayais des poèmes de ces premiers cahiers (1976-1989), j’aurais pu dire, à la manière de Judah Halévi que mon cœur s’était tourné vers l’Orient.
Les cahiers furent un laboratoire d’écriture, une expérimentation savante et improvisée à la fois. Car j’écrivais dans une dérive puissante où ma main courait après l’enchaînement des mots. Comme pour répondre à un appel à peine formulé. C’est une voix qui traverse les écrits. Elle vient du papier.
Ces cahiers sont à la fois un emploi du temps (comme les « cahiers de textes », il y a longtemps, au lycée), un répertoire d’adresses, des réflexions sur d’autres œuvres en cours, des notes de lectures, de conférences, et puis, glissant dans un abandon spécial, une descente dans l’écriture où il me semble quitter le monde.
Le jour où nous nous étions rencontrés, Bruno Durocher m’avait ainsi demandé : « Où êtes-vous ? ». C’était il y a très longtemps, et je ne sais pas encore y répondre.
Issue d’une souffrance abrupte qui a traversé mon enfance et mon adolescence, l’écriture vient comme une coquille salée que chaque fois je brise pour venir au jour.
Brisure pour commencer. Une nouvelle écriture.
Un jour, je voulus rassembler ces textes écrits entre 1994 et 2012 pour en composer un recueil comme on extrait de la pierre un visage ou comme on cisèle un métal. Après une nuit de confusion et des essais nombreux et incertains, les mots vinrent pour réécrire et laisser surgir un long poème selon ces articulations :
Je suis une étoile comptabilisée au cœur des souvenances Métamorphose au ciel des solitudes Nombreux mots pour formuler le rêve de l’hypostase La rosée avant le soleil Les réponses sont inattendues Veille du mystère au cœur du jour
Après cette sortie du monde, il reste le feu de la lettre pour celle qui en devient la lectrice tardive.
Monique Lise Cohen a fait des études de philosophie à Toulouse. Docteur en lettres, elle est poète et auteur de plusieurs ouvrages et études sur des thèmes littéraires, philosophiques, religieux et historiques.
Elle a fait un doctorat sous la direction d’Henri Meschonnic, en 1989 : « Le thème de l’émancipation des Juifs : archéologie de l’antisémitisme ». Ce texte a été publié en 1992 aux éditions Vent Terral, sous le titre : « Les Juifs ont-ils du cœur ? », avec une préface d’Henri Meschonnic.
Elle a publié récemment aux éditions Orizons : Récit des jours et veille du livre (2008) ; Le parchemin du désir (2009) ; Emmanuel Lévinas et Henri Meschonnic, Résonances prophétiques (2011) ; Etty Hillesum, une lecture juive (2013).
Elle a créé avec Pierre Léoutre une association : « Mémoires : les Juifs dans la Résistance » qui gère un site internet : www.resistancejuive.org et qui a produit un DVD-Rom : « Camps d’internement du midi de la France : entre histoire et mémoire (1939-1944) »
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